Le projet artistique d’Artscénicum se situe dans la recherche de liens que peuvent unir création théâtrale et un territoire régional porteur de sens. En prenant comme source d’inspiration l’Histoire ou la Littérature, sans faire œuvre de conservation et tout en se libérant des grands courants artistiques et culturels qui ont identifiés la Provence et plus largement tout le Midi de la France, les créations de la compagnie souhaitent inventer des espaces artistiques entre tradition et modernité. Comment le corpus de valeurs qui identifie cette région mute- t-il dans l’ère de la mondialisation, comment traduire cette mutation sur un plan théâtral, populaire et exigeant.
Le projet artistique est porté par Philippe Chuyen, comédien, auteur et metteur en scène. Il se passionne pour l’Art Dramatique depuis sa rencontre en 1989 avec Laure Fouilloux, cette dame fut élève de Louis Jouvet et animait depuis 1965 l’Atelier de La Licorne à Toulon. Il complète sa formation avec Jack Garfein à Paris sur les techniques de l’Actor’s Studio. La danse contemporaine, la voix au théâtre sont, dans le même temps, des disciplines qu’il pratique, notamment avec le Roy Hart Théâtre ou encore le danseur Dominique Dupuy et la danseuse Christiane Vergne. Dès 1992, il joue avec différentes troupes professionnelles, Molière, Jarry, Ghelderode, Pinter, Calaferte… En 1995, Il obtient à Avignon le prix du coup de pouce au Off, avec Comme la Pierre, un texte contemporain de Romain Weingarten qu’il joue à Paris et en province. En 1998, Il fonde dans le Var la compagnie Artscénicum et à partir de 2001 crée ses propres spectacles.
Les 9 créations qu’il écrit, adapte ou met en scène ont quasiment les mêmes dénominateurs communs : Histoire et Littérature du sud. Recherche d’identité, de racines, exploration des sources profondes pour trouver de la matière au théâtre, sa terre est une porte d’entrée pour la scène : écrire à partir du local pour toucher l’universel. Adaptateur en 2022 de Le prix d’un Goncourt, il est coauteur de La Révérence en 2018, auteur de Les Pieds Tanqués en 2012, 1907 Batailles dans le Midi en 2007 et 1851, Le Banquet des Insurgés en 2001, Philippe Chuyen est aussi adaptateur de La Mandragore de Machiavel, de Germain Nouveau, Le Mendiant magnifique et de Carrière célèbre Giono. Son théâtre de texte, attentif aussi bien à l’histoire qu’à la littérature, crée des spectacles épiques ou poétiques dans lesquels les blessures des hommes nourrissent leurs rêves et leur quête de liberté.
La compagnie
Depuis 2001, les créations d’Artscénicum ont généré environ 800 représentations touchant pas loin de 100 000 spectateurs sur l’ensemble du territoire français et international. Cela a permis à la Cie de développer et fidéliser un réseau de correspondants et de programmateurs (élus, responsables associatifs, directeur de théâtre) qui constitue sa capacité de diffusion. Artscénicum fait aussi régulièrement le festival d’Avignon et augmente ainsi ses possibilités.
La Cie conçoit tous ses spectacles afin qu’ils soient représentables en tous lieux (plein air, salle polyvalente, théâtre) avec une scénographie qui crée les conditions pour « faire théâtre » : Le Banquet des insurgés se passait pendant un banquet/repas républicain ; La Mandragore nécessitait le montage d’une scène/scénographie de 80 m2 ; 1907,Batailles dans le Midi, ceint d’un chœur de 20 personnes touchait principalement le milieu agricole (le spectacle tourna durant 6 saisons dans un large réseau de communes et coopératives viticoles du Var et du Languedoc) ; Les Pieds Tanqués a été créé pour jouer sur un terrain de pétanque, transformant ainsi le boulodrome en espace théâtral. Autonomes sur le plan des lumières, nous nous affranchissons des contraintes liées aux lieux qui ne sont pas équipés.
En inventant de nouveau lieux théâtraux et sans revendiquer une appartenance au théâtre de rue, cet ensemble de dispositifs marque notre volonté à créer une dynamique active de recherche de nouveaux publics.
Partir de quelque part pour toucher le vaste monde, c’est potentiellement ce qui nous est donné à tous ; un monde que l’on découvre avec son histoire, sa culture. Mais chaque histoire, même si elle se raconte à partir de quel qu’endroit doit être compréhensible par tous. C’est pour nous la définition de la Culture : dire quelle est notre représentation du monde et créer les conditions de la communication universelle ; universalité étant ici non pas synonyme de standard mais bien affirmation de l’universel au cœur de chaque identité. Notre projet pourrait aussi se résumer en quelques mots : œuvrer à la confrontation pacifique et joyeuse des biens de chacun.
La Cie est aidée par la ville de Montfort-sur-Argens, le Conseil départemental du Var, la Communauté d’agglomération de la Provence Verte, la DRAC, la Région Sud, la Spedidam et l’Adami selon les projets.